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12 mai 2025

Open space le bruit vous gâche la vie ?

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12 mai 2025

Open space le bruit vous gâche la vie ?

L'open space. Promesse de collaboration et de flexibilité, il est souvent le théâtre d'une lutte silencieuse contre le bruit. Si vous avez déjà eu du mal à vous concentrer, agacé par les conversations environnantes ou le sentiment d'être constamment "sur écoute", vous n'êtes pas seul. Une étude scientifique d'envergure, publiée en mai 2025 dans The Journal of the Acoustical Society of America, décortique ce malaise et révèle des coupables parfois surprenants. Préparez-vous à voir l'acoustique des bureaux sous un nouveau jour !

(Source : Yadav, M., Kim, J., Hongisto, V., Cabrera, D., & de Dear, R. (2025). Noise disturbance and lack of privacy: Modeling acoustic dissatisfaction in open-plan offices. J. Acoust. Soc. Am., 157, 3378-3389. https://doi.org/10.1121/10.0036594)

Le vrai problème : au-delà du bruit, un profond manque d'intimité

Bien sûr, le "vacarme" direct – les discussions animées de vos voisins, les sonneries stridentes, ce que les scientifiques appellent la "perturbation sonore" – est une source évidente d'agacement et de perte de productivité. Mais les chercheurs ont découvert que le principal facteur d'insatisfaction acoustique globale dans les open spaces est plus subtil et plus envahissant : c'est le "manque d'intimité".

Qu'est-ce que cela signifie concrètement ? C'est un ensemble de sensations désagréables :

  • L'impossibilité de mener une conversation téléphonique ou privée sans avoir l'impression que tout le bureau écoute.

  • Le sentiment d'être constamment observé (manque d'intimité visuelle, qui s'ajoute au problème acoustique).

  • L'incapacité à moduler ou à échapper au bruit ambiant pour trouver une bulle de calme.

L'étude révèle que ce manque d'intimité contribue environ 25% de plus à notre mécontentement acoustique général que la simple perturbation par le bruit. Un message fort pour les concepteurs : créer des espaces acoustiquement confortables, c'est avant tout garantir une sphère d'intimité à chacun.

Acoustique de bureau : quand les mesures classiques ne suffisent plus

Pour évaluer la qualité acoustique d'un lieu, les experts utilisent des indicateurs chiffrés, souvent issus de normes comme l'ISO 3382-3. Ces mesures sont typiquement réalisées dans des bureaux vides. L'étude de Yadav et son équipe montre cependant que la réalité perçue par les occupants est plus complexe.

Les indicateurs techniques simplifiés :

Niveau de la parole à distance (L_p,A,s,4m) : Imaginez quelqu'un qui parle. Cet indicateur mesure simplement le volume de sa voix à 4 mètres de distance. Plus ce niveau est bas, mieux c'est en théorie.

  • "Distance de confort" (r_C) : C'est la distance à partir de laquelle le niveau de la parole devient suffisamment bas pour ne plus être considéré comme gênant (selon la norme, en dessous de 45 décibels). Plus cette distance est courte, mieux c'est.

  • "Distance de distraction" (r_D) : Celle-ci est basée sur l'intelligibilité de la parole. C'est la distance à partir de laquelle on ne comprend plus distinctement ce qui est dit. Une courte distance de distraction est généralement recherchée.

Les résultats surprenants de l'étude :

  • Contre toute attente, ce sont le niveau de la parole à 4 mètres et la "distance de confort" qui ont le mieux prédit le manque d'intimité et la perturbation sonore ressentis, bien plus que la "distance de distraction" pourtant souvent mise en avant.

  • Plus déroutant encore : parfois, un niveau de parole à 4 mètres plus élevé (donc, a priori, moins bon) était associé à une meilleure perception de l'intimité ! La raison suspectée ? Un bruit de fond constant (comme celui de la ventilation) pourrait masquer les conversations, améliorant l'intimité perçue. Un équilibre délicat à trouver, car un bruit de fond trop fort devient lui-même une nuisance.

Ces constats suggèrent que les critères des normes actuelles pour les bureaux vides ne reflètent pas toujours parfaitement le vécu des employés.

L'apport de la psychoacoustique : écouter au-delà des décibels

C'est ici qu'intervient la psychoacoustique. Cette science étudie la manière dont nous, humains, percevons subjectivement les sons, allant au-delà des simples mesures physiques de décibels.

La sonie : plus qu'un volume, une sensation d'intensité

L'étude s'est intéressée à la sonie, un paramètre psychoacoustique qui décrit notre perception de l'intensité d'un son. Contrairement au niveau sonore en décibels, la sonie tente de quantifier à quel point un son nous paraît "fort". Les chercheurs ont notamment mesuré la sonie du bruit de fond perçue 90% du temps par les occupants (appelée N_90). Cet indicateur s'est révélé être un bon prédicteur de l'insatisfaction acoustique globale. Plus la sonie du bruit de fond était perçue comme élevée, plus les gens étaient insatisfaits.

Bien que la sonie offre une image plus fidèle de notre perception, sa mesure est techniquement plus complexe. C'est pourquoi le niveau sonore du bruit de fond mesuré en conditions occupées (le L_A,90,4h – le niveau de décibels dépassé 90% du temps sur 4 heures) reste une alternative plus simple et déjà utile pour prédire l'insatisfaction.

Autres paramètres psychoacoustiques :

L'étude a aussi examiné d'autres aspects comme la "netteté" (sensation d'agressivité d'un son aigu) ou la "rugosité" (sensation de fluctuation rapide du son). Si la rugosité maximale a montré un lien avec la perturbation sonore et l'insatisfaction globale, son impact semblait moins déterminant que celui de la sonie du bruit de fond dans cette étude.

L'intégration de la psychoacoustique confirme que notre confort auditif est une affaire complexe, influencée par la manière dont notre cerveau interprète les sons, et pas seulement par leur puissance brute.

L'agencement de votre bureau : chaque détail compte

L'étude enfonce le clou : la configuration physique de l'open space a un impact direct sur le ressenti :

  • Nombre de postes vs. Densité : Un plus grand nombre total de postes peut créer un "murmure" de fond qui masque légèrement les sons (un effet positif jusqu'à un certain point). Cependant, si ces postes sont trop serrés (densité élevée), le manque d'intimité explose.

  • Hauteur sous plafond : Curieusement, une plus grande hauteur sous plafond a été liée à une plus grande insatisfaction acoustique.

  • La "zone rouge" des open spaces : Les bureaux de taille moyenne (accueillant 7 à 15 personnes) semblent être les plus problématiques en termes de manque d'intimité et d'insatisfaction. Ceux un peu plus grands (16-49 personnes) souffraient davantage de perturbations sonores directes.

Vers des open spaces plus sereins : quelles solutions ?

Alors, comment transformer ces espaces parfois hostiles en environnements de travail plus agréables et productifs ?

  1. Priorité absolue à l'intimité : Pensez au-delà de la simple réduction du bruit. Offrez des solutions pour s'isoler visuellement et phoniquement : zones calmes, bulles de concentration, cabines pour les appels.


  2. Le duo gagnant : absorption + masquage sonore :

    • Absorber le son : Utilisez des matériaux absorbants (plafonds, murs, sols, mobilier) pour limiter la réverbération et la propagation des bruits.

    • Masquer intelligemment : Intégrez un système de masquage sonore (sound masking). C'est un bruit de fond neutre, spécifiquement calibré et diffusé, qui rend les conversations distantes moins intelligibles et donc moins distrayantes, améliorant la confidentialité et la concentration.


  3. Questionner les normes, valoriser le ressenti : Les professionnels doivent être conscients que les chiffres des normes ne font pas tout. L'écoute du ressenti des occupants et les mesures en conditions réelles d'occupation sont primordiales.


  4. L'importance de l'étiquette collective : Des règles de vie simples (modérer sa voix, utiliser des espaces dédiés pour les appels bruyants) peuvent grandement améliorer l'ambiance. L'étude montre que 55% des employés se réfugient derrière des écouteurs, une solution de contournement qui n'est pas toujours idéale pour la performance.

L'acoustique des open spaces est un défi, mais des solutions existent. En comprenant finement les causes de l'inconfort – en particulier ce besoin crucial d'intimité et la manière dont nous percevons réellement les sons – nous pouvons concevoir des environnements de travail où il fait véritablement bon travailler.

Et vous, quelle est votre expérience du bruit en open space ? Quelles solutions ont été mises en place dans votre entreprise ? Partagez vos réflexions avec nous, ou contactez nos spécialistes pour un diagnostic et des conseils sur mesure afin d'optimiser l'acoustique de vos espaces de travail.

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